Vivre extrêmement longtemps va de paire avec rester en excellente santé, les doyens de notre planètes ont pour la plupart vieilli sans souffrance, douleur, ni même maladie chronique et sont indépendants au point de se déplacer sans chaise roulante ni même canne. C’est la conclusion à laquelle sont arrivés les chercheurs de l’Université de Californie du Sud à Los Angeles après avoir étudié les données d’hommes et femmes qui ont vécu plus de 110 ans.

L’augmentation significative du nombre de centenaires ces 20 dernières années a attiré l’attention de beaucoup de scientifiques entraînant une multiplication du nombre d’études à ce sujet. Récemment un nouveau groupe d’individus appelé les « supercentenaires », personnes ayant 110 ans ou plus, a atteint un effectif suffisant pour permettre des études statistiquement représentatives. Certains d’entre eux sont célèbres, comme Jeanne Calment. Née en 1875 et décédée en 1997 à l’âge de 122 ans. Elle considérait qu’elle devait sa longévité à son hygiène de vie, elle adorait le vin, utilisait beaucoup l’huile d’olive, et consommait environ 1kg de chocolat par semaine. Dans les dernières années de sa vie elle était très certainement la femme la plus âgée de la planète, et possédant même sa propre page Wikipedia.

Les estimations du nombre de supercentenaires vivant actuellement fluctuent beaucoup, de 250 à 3500, car il est parfois difficile de vérifier l’âge réel de ceux qui se proclament supercentenaires. On estime que sur 100 000 personnes nées en l’an 2000 environ 7 000 atteindront la barre symbolique des 100 ans et seulement 1 atteindra celle des 110 ans. L’équipe de « L’Etude de Nouvelle Angleterre sur les Centenaires » (New England Centenarian Study), qui se charge habituellement d’étudier les centenaires, a décidé de mener une étude plus approfondie sur les supercentenaires en collaboration avec le Groupe de Recherche en Gérontologie (Gerontology Research Groupe). Ils ont réuni 32 supercentenaires âgés de 110 à 119 ans dont ils avaient au préalable contrôlé minutieusement l’âge au moyen de plusieurs formes de preuves allant de l’acte de naissance aux archives militaires.

En réalité 39 personnes ont fait parti de l’expérience et disaient avoir 110 ans ou plus, mais deux n’ont pas pu prouver leur âge, et cinq sont décédées après que leur âge ait été validé mais avant la collecte des données. Concernant les deux personnes n’ayant pas pu prouver leur âge : l’une disait avoir 111 ans et vécu la plus grande partie de sa vie en Allemagne, mais son acte de naissance et tous les autres documents étaient introuvables, la seconde n’avait elle aussi aucun document pour prouver (ou contredire) son âge (110 ans). La doyenne du groupe, une femme de 119 ans, était aussi la doyenne de l’humanité de l’époque.

Cette étude inédite a donc fourni des résultats confirmant nos attentes, les supercentenaires sont très majoritairement des femmes, qui ont quitté le système scolaire à 8 ans en moyenne car dans les années 1900 la plus haute classe atteinte dans la plupart des cas était l’équivalent de la 6eme aujourd’hui, ce qui est un bon présage pour le futur : dans d’autres études la longévité est associée à une meilleure éducation ce qui contribuera à une augmentation du nombre de supercentenaires dans le futur.

Comme le tableau ci-dessus nous le révèle, l’historique médical des sujets était remarquable, très peu d’entre eux avaient des antécédents de maladies cardio-vasculaires (seulement deux infarctus du myocarde (6%) et quatre attaques (13%)) malgré leur très longue vie. Sept (22%) prenaient des médicaments pour traiter l’hypertension et huit (25%) avaient été touchés par le cancer, tous ayant été traités avec succès. Les cas de diabète (n=1, 3%) et de maladie de Parkinson (n=1, 3%) étaient, eux aussi, rares. Et l’ostéoporose (n=14, 44%) et la cataracte (n=28, 88%) étaient communs.

Les caractéristiques des supercentenaires sont donc assez homogènes, ce qui s’explique assez facilement : les supercentenaires sont peu touchés par les maladies cardio-vasculaires certainement car ces maladies sont des obstacles à la longévité contrairement à l’ostéoporose et la cataracte. Il faudrait donc prévenir des maladies telles que Parkinson, le diabète, l’hypertension et les maladies cardio-vasculaires pour augmenter nos chances de dépasser la barre des 100 ans voire 110 ans. Le nombre de supercentenaires étant en augmentation, des études seront plus facilement réalisables dans un futur proche, et seront aussi plus représentatives.

Source : J Am Geriatr Soc. 2006 Aug;54(8):1237-40