Moins de sommeil, moins d’oxygène

Vécu autrefois comme une petite mort on sait aujourd’hui que le sommeil est indispensable au bon fonctionnement de notre organisme. Tous les sportifs savent qu’une bonne nuit de sommeil après un entraînement est une condition si ne qua non à la récupération, mais qu’en est-il de la nuit avant l’entraînement ? Des chercheurs français ont découvert qu’un déficit de sommeil de trois heures réduit les performances des athlètes : il réduit l’assimilation de l’oxygène par l’organisme et perturbe le rythme cardiaque.

Description de l’expérience

L’étude a été menée sur sept cyclistes âgés de 25 ans en parfaite santé, l’expérience consistait à faire pédaler les cyclistes en suivant toujours le même schéma : 10 minutes d’échauffement, puis 20 minutes à 75% de leur VO2max puis augmenter l’intensité progressivement jusqu’à épuisement.

Les cyclistes ont été soumis plusieurs fois à ce test : la première en ayant dormi normalement la veille (endormissement naturel, sommeil contrôlé), la seconde en ayant dormi 3 heures de moins que d’habitude, et la troisième en ayant utilisé des somnifères pour faciliter le sommeil. En leur donnant des somnifères, les chercheurs espéraient augmenter la qualité du sommeil des sujets, ce qui n’a pas fonctionné : les résultats de cette troisième expérience ne seront donc pas détaillés dans cet article.

Résultats & interprétations

Le graphique ci-dessous montre la quantité d’oxygène assimilée par l’organisme lors des trois phases de l’effort. Les chercheurs ont enregistré un rythme de respiration plus rapide quand les sujets étaient privés de sommeil mais malgré tout, comme on le voit sur le graphe, la quantité d’oxygène assimilée par l’organisme reste quand même inférieure comparée à celle après une bonne nuit de sommeil.

De plus les données ci-dessous montre que le rythme cardiaque des cyclistes est aussi plus important que la normale lorsqu’ils ont été privés de sommeil : plus l’effort est important, plus l’écart entre les deux se creuse.

Le manque de sommeil a aussi entraîné une augmentation de la quantité d’acide lactique dans les cellules et dans le sang qui est due à un manque d’apport en oxygène : lorsque l’apport en sucre est supérieur à l’apport en oxygène. L’acide lactique est alors produit pour permettre au cycle oxydatif de la glycolyse de poursuivre : c’est une fermentation. Il est à l’origine des douleurs ressenties dans les muscles au cours d’un effort intense.

Conclusion

Les chercheurs ne parviennent pas vraiment à expliquer pourquoi le manque de sommeil cause ces chutes de performances, cependant ils savent d’après d’autres études que se priver de sommeil entraîne une sécrétion plus importante d’hormones de stress comme l’adrénaline et la noradrénaline. Les chercheurs pensent que c’est ce surplus d’hormones qui est à l’origine de l’augmentation du rythme cardiaque et de la diminution de l’assimilation de l’oxygène.

Source : Eur J Appl Physiol Occup Physiol. 1991;63(2):77-82.