La créatine n’est pas mauvaise pour les reins

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La créatine n’est pas mauvaise pour les reins, au contraire elle améliorerait les fonctions rénales, c’est ce que des chercheurs de l’Université de Sao Paulo au Brésil ont conclu après avoir mené une étude sur 18 sujets en bonne santé. Cette étude est intéressante dans la mesure où elle est la première à avoir donné des résultats probant quant aux effets de la créatine sur les reins.

Introduction

Des dizaines d’études ayant pour objectifs de mesurer effets bénéfiques de la supplémentation en créatine sur les performances musculaires et même sur l’amélioration des fonctions cérébrales, cependant seules quelques unes ont analysé les effets secondaires de la créatine sur les reins mais ont soit été mal menées, soit effectuées sur des rats, et leurs résultats sont contradictoires. Les chercheurs brésiliens ont donc voulu réaliser une nouvelle expérience plus rigoureuse afin de déterminer précisément les effets secondaires de la supplémentation en créatine sur les reins : en plus de la sélection très soignée des participants, ils n’ont pas utilisé la créatinine pour mesurer la qualité de la fonction rénale mais une autre méthode plus efficace (et onéreuse) qui consiste à mesurer le taux de cystatine C. En effet le taux de créatinine sanguin est habituellement utilisé pour mesurer l’état des reins, cependant la créatine se converti spontanément en créatinine : une supplémentation en créatine augmente donc naturellement le taux de créatinine dans le sang et fausse les résultats.

Description de l’expérience

Graphique du tri des sujets pour l'étude avec créatine - Vivre plus

Les volontaires ont été sélectionné suivant plusieurs critères : ils devaient avoir entre 18 et 25 ans, avoir un style de vie sédentaire depuis au moins 7 ans, ne pas avoir de maladie rénale ou cardiovasculaire, être non-fumeur, et ne pas être végétarien. Les caractéristiques des sujets sont présentés dans le tableau suivant :

Tableau groupe créatine et placébo - Vivre plus

Les sujets ont été distribué au hasard dans les groupes CR (supplémentés en créatine) et PL (supplémentés en placébo) et n’avaient pas connaissance de leur groupe. Les sujets ont ensuite suivi 12 semaines d’exercice physique modéré : trois séances de course à pied par semaine à intensité modérée (70% de la VO2max), ces entraînements étaient obligatoires et 4 individus ont été exclus pour avoir loupé trop de séances. Les individus supplémentés en créatine devaient prendre 0,3g/kg par jour durant la première semaine, et 0,15g/kg ensuite ce qui représente plus de 5 fois les doses habituellement recommandées. Le déroulement de l’expérience est représenté dans schéma ci-dessous :

Chronologie de l'expérience - Vivre plus

Résultats

La pureté de la créatine utilisée était de 99,9%, tous les individus ont suivi le même régime alimentaire c’est-à-dire qu’ils ont consommé chaque jour le même nombre de calories, la même quantité de protéines, de lipides et de glucides comme le montre le tableau ci-dessous :

Aliments ingérés par les individus lors de la supplémentation en créatine - Vivre plus Malgré les doses de créatine relativement élevées (on recommande habituellement de ne pas faire de phase de charge et de prendre 0,03g de créatine par kilogramme de poids de corps) aucun effet secondaire n’a été relevé, ni par les encadrants, ni par les patients eux-mêmes.
Après 12 semaines d’entraînement, comme on peut le voir dans le premier tableau de l’article, le taux de graisse ainsi que le poux ont tout deux diminués et la distance parcourue par entraînement a significativement augmenté, les autres paramètres sont restés inchangés.

Tableau représentant le taux de créatinine au cours de l'expérience - Vivre plus Le taux de créatinine a augmenté légèrement chez les personnes supplémentés en créatine, il a cependant baissé chez les personnes prenant un placébo.

Graphique représentant les taux de cystatine C - Vivre plus Les taux de cystatine C ont quand a eux baissés pour les deux groupes, et de manière plus significative pour le groupe supplémenté en créatine.

Interprétation

Le niveau de créatinine était significativement plus bas pour le groupe ayant pris du placébo, que pour le groupe supplémenté en créatine ce qui pourrait indiquer un dysfonctionnement des reins. Cependant si l’on regarde le taux de cystatine C on voit qu’il a fortement baissé au cours des 12 semaines et cela pour les deux groupes mais plus significativement chez le groupe supplémenté en créatine. Est-ce contradictoire ? Non, comme nous l’avons fait remarquer précédemment la créatine se change spontanément en créatinine, ce qui a pour effet d’augmenter les taux de créatinine chez les individus supplémentés en créatine et c’est pour cela que les chercheurs ont choisi d’utiliser les cystatine C pour mesurer le fonctionnement des reins (comme pour la créatinine, plus le taux de cystatine C est bas, meilleur est le fonctionnement des reins). Les taux de cystatine C étant plus faibles pour le groupe créatine que pour le groupe placébo, on en déduit que la créatine pourrait avoir amélioré les fonctions rénales des sujets de ce groupe.

Ce qui est remarquable dans cette étude c’est que les 3 mois d’entraînement ont eu pour effet de baisser le taux de cystatine C dans les deux groupes, ce qui suggère une amélioration des fonctions rénales dans les deux cas. L’étude aurait été plus complète si les chercheurs avaient ajoutés un groupe supplémenté en créatine et ne suivant pas les entraînements, on ne peut donc pas en déduire si la supplémentation en créatine a un effet bénéfique sur le fonctionnement des reins des hommes sédentaires.

Conclusion

Le but de cette expérience était d’identifier les effets de la créatine sur les reins, en effet plusieurs autres études avaient déjà été faites sur ce sujet mais les protocoles utilisés n’étaient pas assez fiable et les résultats ne permettaient pas de conclure. Là où cette étude ce démarque des autres est qu’elle utilise la cystatine C pour évaluer le bon fonctionnement des reins.
De fortes doses de créatine ont été utilisées dans le cadre de cette expérience (les doses normalement recommandées sont 10 fois inférieures), et l’on a observé une baisse du taux de cystine C dans les deux groupes, ce qui signifie une amélioration du fonctionnement des reins dans les deux cas due à l’exercice physique. De plus cette baisse est plus forte pour le groupe supplémenté en créatine, cette dernière semble dont avoir un effet bénéfique sur le fonctionnement des reins.
Cette étude permet donc de conclure que la supplémentation en créatine en complément d’un exercice physique approprié permet d’améliorer les fonctions rénales. Il faudrait cependant une étude supplémentaire pour savoir si la supplémentation en créatine seule permet d’améliorer les fonctions rénales.

Source : Eur J Appl Physiol. 2008 May;103(1):33-40

Pour en savoir plus :
La créatine réduit la perte musculaire
Les muscles absorbent plus de glucose grâce à la créatine

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