De combien de vitamine D avons-nous besoin ?

Le nutriment qui a attiré le plus l’attention ces dernières années, mais aussi le plus de controverses, est le calcium. En comparaison, la vitamine D n’a intéressé que très peu. Par exemple, lorsque le Food and Nutrition Board, qui publie tous les 5 à 10 ans les apports journaliers recommandés pour chaque nutriments, a mis à jour ses recommandations en 1977, il y eut énormément de réinterrogations à propos de la baisse des apports en calcium, mais personne n’avait prêté attention au fait que les apports recommandés en vitamine D avaient triplés : ce qui représente la plus grande augmentation de toute l’histoire du Food and Nutrition Board.

Les publications récentes tendent à remettre en cause ce que l’on sait sur la vitamine D, et les quantités journalières recommandées augmentent régulièrement, mais nous sommes encore loin de ce que le Dr Vieth, chercheur canadien renommé dans ce domaine et biochimiste clinicien, recommande : un minimum de 100 nmol/L. En France, les valeurs normales recommandées sont comprises entre 50 et 125nmol/L, et même si elles sont plus faibles que ce que le Dr Vieth recommande, plus de 75% de la population est carencé en vitamine D. Pour combler ces besoins de manière optimale il est tout d’abord nécessaire d’en savoir plus sur la vitamine D; C’est pourquoi, dans cet article, nous allons répondre aux interrogations suivantes :

1. Quel est le meilleur marqueur de la vitamine D ?
2. Quels critères permettent d’affirmer que tel taux de vitamine D est optimal ?
3. Quelle quantité de vitamine D un individu doit synthétiser et/ou ingérer pour que son taux de vitamine D soit optimal ?
4. Est-ce que ces besoins varient avec l’âge ?
5. Quel taux ne faut-il pas dépasser ?
6. (Quelle approche devraient avoir les personnes s’occupant de personnes âgées vis à vis de…)

De nombreuses publications apportent des réponses à ces questions chaque années, certaines sont maintenant évidentes (Questions 1 et 4) mais d’autres sont sujets à polémiques (Questions 2, 3 et 5). L’objectif principal de cet article est donc de vous donner une ordre d’idée de quels taux sont conseillés aujourd’hui mais surtout, car ce ne sont pas des taux définitifs, quelles tendances ces taux suivent actuellement et de quelle manière sont ils susceptible d’évoluer.

Quel est le meilleur marqueur de la vitamine D ?
On utilise aujourd’hui le 25-hydroxyvitamine D, ou 25(OH)D, pour mesurer le taux de vitamine D. Le 25(OH)D est le meilleur marqueur connu à ce jour car le plus sensible aux variation du taux de vitamine D. Une croissance du taux de 25(OH)D est donc, par exemple, associée à une amélioration de l’absorption du calcium par les os.

Quels critères permettent d’affirmer que tel taux de vitamine D est optimal ?
La plupart des scientifiques pensent que le taux optimal de 25(OH)D est atteint lorsque la concentration en hormone parathyroïdienne (PTH) est minimale : cette hormone stimule la transformation de la vitamine D en 1,25-dihydroxycholécalciférol, forme active de la vitamine D qui favorise l’absorption du calcium, une production minimale de cette hormone par la parathyroïde serait donc un signe que le taux de 1,25-dihydroxycholécalciférol est optimal (ou trop élevé). En utilisant ce critère on trouve un taux optimal compris entre 60 et 80 ng/mL dans plusieurs rapports, d’autres critères ont toutefois été utilisés et les résultats concordent avec ceux du PTH. Cependant toutes ces approches reposent sur l’absorption du calcium, et il y a encore des incertitudes sur cette manière de raisonner, d’autres études plus approfondies sont donc nécessaires.

Quelle quantité de vitamine D un individu doit synthétiser et/ou ingérer pour que son taux de 25(OH)D soit optimal ?
C’est une question importante à laquelle aucune étude n’apporte de réponse à ce jour, cependant on sait avec certitude que plus de 75% de la population française a un taux de 25(OH)D bien en-dessous du minimum recommandé en France (50 nmol/L). Dans ce cas, combien devrions nous produire ou ingérer de vitamine D chaque jour pour au moins atteindre ce niveau ? Les apports nutritionnels recommandés (ANR) pour la vitamine D sont de 200 IU (5 µg) par jour pour les adultes et 400 IU (10 µg) pour les personnes âgées. Le Dr Vieth recommande, quant à lui, un minimum de 800 IU (20 µg) par jour et pense qu’en réalité les apports nécessaires pourraient bien être de 4 000 IU (100 µg) par jour !
La réponse à cette question est d’autant plus difficile que trois facteurs entrent en jeu (1) la réponse du 25(OH)D n’est pas linéaire par rapport à quantité de vitamine D ingérée, (2) le rôle du poids du corps (et surtout de la masse graisseuse), (3) maintenir un niveau taux de 25(OH)D requiert plus de vitamine D que le maintien d’un taux plus faible : des études récentes montrent que l’augmentation du taux de 25(OH)D pour l’absorption d’une quantité donnée de vitamine D est plus importante à taux de 25(OH)D faible qu’à taux élevé.

Est-ce que ces besoins varient avec l’âge ?
Il est aussi difficile de répondre à cette question dans la mesure où la vitamine D est apportée au corps par le biais de l’alimentation et de la synthèse par la peau lors d’une exposition aux ultraviolets de la lumière du soleil (ce dernier étant très difficile à mesurer).  La réponse la plus probable est que, à partir d’un certain âge, le corps perds petit à petit sa capacité à synthétiser lui même de la vitamine D ce qui induit naturellement une baisse du taux de 25(OH)D au cours du temps. De plus les personnes âgées s’exposent, en général, bien moins au soleil. Nous ne savons donc pas si les besoins varient avec l’âge, mais ce qui est sûr c’est que les personnes âgées sont de plus en plus dépendante de la source orale en vitamine D.

Quel taux ne faut-il pas dépasser ?
Les opinions divergent à nouveau sur cette question, en effet les autorités conservatives de la santé publique conseillent de ne pas dépasser 2000 IU (50 µg)quotidiennement, mais une très grande partie de la communauté scientifique, dont le Dr Vieth, conseille d’élever cette limite à au moins 10 000 UI (200 µg). Les études les plus récentes recommandent de se supplémenter à hauteur de 1000UI par tranche de 15kg de poids de corps, ce qui représente 6000 UI pour une personne de 75kg.

Source : Osteoporos Int. 2000;11(7):553-5.

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